Selon l’environnement où il évolue, un phasme peut prendre l’aspect d’un bâton, d’une feuille, d’une tige, d’une ronce et même d’une écorce. Il peut également prendre la couleur de son environnement au moment de la mue.
L’univers des insectes est peuplé de créatures fascinantes, mais peu rivalisent avec le phasme, véritable virtuose du camouflage.
Ces maîtres de l’illusion, souvent adoptés comme animaux de compagnie, cachent derrière leur apparence de brindille ou de feuille une biologie et des stratégies de survie d’une complexité remarquable.
Loin d’être de simples curiosités, les phasmes, membres de l’ordre des Phasmatodea, offrent un spectacle permanent de mimétisme et d’adaptation.
Le phasme, maître incontesté du camouflage
L’étymologie du fantôme et le principe du mimétisme
Le terme phasme trouve son origine dans le grec ancien, dérivé de Phasma (φαντασμα), qui signifie apparition ou fantôme.
Ce nom n’est pas le fruit du hasard ; il souligne la capacité intrinsèque de l’insecte à se fondre dans son environnement, le rendant presque invisible.
Cette prouesse est le résultat d’une stratégie évolutive de défense appelée mimétisme, qui permet au phasme d’échapper à la vigilance de ses prédateurs.
L’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) estime qu’il existerait plus de 3000 variétés de phasmes à travers le monde, dont seulement six seraient des espèces indigènes en France, témoignant de la vaste répartition et de la diversité de cet ordre.
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Les mécanismes sophistiqués de l’illusion : homotypie et homochromie
Le camouflage des phasmes repose sur deux piliers : l’homotypie et l’homochromie. L’homotypie est la ressemblance morphologique avec un élément inanimé du milieu, comme une brindille, une ronce ou une feuille.
C’est le cas emblématique du phasme-bâton, qui, lorsqu’il est au repos, imite à la perfection une petite branche. L’homochromie, quant à elle, est la capacité de l’insecte à ajuster sa couleur pour correspondre à celle de son support.
Si les phasmes sont majoritairement bruns ou verts, certaines espèces peuvent moduler leur teinte en fonction de facteurs environnementaux précis : l’intensité lumineuse, la température ou le taux d’humidité ambiant.
Ce changement de couleur s’opère généralement au moment de la mue, mais peut être plus dynamique chez certaines espèces.
Une diversité morphologique et biologique fascinante
Anatomie, locomotion et stratégies de défense
Au-delà de leur apparence, les phasmes possèdent une anatomie typique des insectes, avec un appareil buccal de type broyeur et un corps segmenté.
Leur thorax est clairement divisé en trois parties (prothorax, mésothorax, métathorax), et leur abdomen compte dix segments.
Pour parfaire leur illusion, ils ajustent également leur façon de se mouvoir. Ils peuvent se déplacer par à-coups, avec une lenteur calculée, évoquant une brindille ballotée par le vent, ou rester immobiles pendant des heures, adoptant la posture de la catalepsie.
Face à un danger imminent, les phasmes ont développé des stratégies de défense variées. Certains pratiquent la thanatose (faire le mort), d’autres, comme le phasme épineux (Extatosoma tiaratum), arborent des piquants dissuasifs. Plus impressionnant encore, certaines espèces projettent un liquide irritant vers leur agresseur.
Une autre particularité biologique est l’autotomie : lorsqu’ils sont immatures, les phasmes sont capables de régénérer un membre perdu, une faculté qui disparaît à l’âge adulte.
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La reproduction par parthénogenèse
Un aspect remarquable de la biologie des phasmes est la parthénogenèse, un mode de reproduction asexuée. Chez de nombreuses espèces, les femelles peuvent pondre des œufs non fécondés qui éclosent et donnent naissance à de nouvelles femelles, sans l’intervention d’un mâle.
Ce phénomène assure une survie rapide et efficace de l’espèce, notamment dans les environnements où les partenaires sont rares.
La femelle peut pondre entre un et six œufs par jour, atteignant parfois 300 œufs au cours de sa vie, dont l’éclosion peut prendre de deux à trois mois, voire plus, selon l’espèce et les conditions environnementales.
La phasmidophilie : histoire et pratique de l’élevage
Des débuts discrets à la passion contemporaine
L’élevage des phasmes, ou phasmidophilie, est une activité qui gagne en popularité. Bien que l’intérêt pour ces insectes remonte au moins aux années 1980, avec la création de groupes d’étude spécialisés comme le Phasmid Study Group (PSG) et la publication de revues dédiées telles que Le Monde des Phasmes, la pratique s’est largement démocratisée.
Elle est particulièrement prisée pour son aspect pédagogique et la facilité relative d’entretien de certaines espèces. Pour les débutants, le phasme-bâton (Carausius morosus ou Medauroidea extradentata) est souvent recommandé en raison de sa robustesse et de sa capacité à s’adapter aux températures intérieures des habitations.
Choisir son espèce : tarifs et esthétique
Le choix de l’espèce dépend souvent du niveau d’expérience de l’éleveur et de l’esthétique recherchée.
Le phasme-feuille (Phyllium philippinicum), par exemple, est très apprécié pour sa ressemblance frappante avec une feuille de goyavier, mais son élevage est plus exigeant en termes d’hygrométrie et de température.
Les tarifs varient considérablement :
- les espèces communes comme le phasme morose sont très abordables, souvent disponibles sous forme d’œufs pour quelques euros ou de jeunes individus autour de 5 €.
- les espèces plus spectaculaires ou rares, comme le phasme géant malais (Heteropteryx dilatata) ou le phasme-feuille, peuvent atteindre 18 € à 30 € l’individu adulte.
- le phasme de Sungay (Sungaya inexpectata), une espèce très recherchée pour sa facilité d’élevage et son esthétique, se situe autour de 5 € l’individu.
Les phasmes sont disponibles auprès de passionnés via des forums spécialisés, des petites annonces, ou dans des animaleries spécialisées.
Les exigences techniques d’un élevage réussi
Le biotope idéal : vivarium, température et hygrométrie
Pour garantir la croissance et la reproduction des phasmes, il est crucial de recréer un environnement proche de leur biotope naturel. Le terrarium, ou vivarium, doit être adapté : sa hauteur doit idéalement être au moins trois fois supérieure à la taille adulte du phasme, afin de permettre la mue sans encombre.
Un volume de 45 dm³ est souvent considéré comme une base pour une petite colonie. La température idéale se situe autour de 25°C, bien que des espèces comme le phasme-bâton tolèrent la température ambiante (15°C à 25°C).
L’hygrométrie, ou taux d’humidité, est un facteur critique, devant être maintenue entre 65 % et 70 % pour la plupart des espèces.
Cela nécessite une pulvérisation quotidienne ou bi-quotidienne d’eau non calcaire. Enfin, une bonne ventilation est indispensable, souvent assurée par un couvercle grillagé ou des aérations latérales.
Nutrition et entretien : le régime alimentaire spécifique
L’alimentation des phasmes est strictement phytophage et varie selon les espèces. Les plus courantes se nourrissent de ronces, de lierre, de feuilles de framboisier, de rosier, de chêne ou de noisetier. Il est impératif de fournir des rameaux frais, renouvelés régulièrement.
Pour maintenir la fraîcheur des feuilles et éviter la déshydratation, il est conseillé de placer les rameaux dans un petit pot d’eau. Une précaution essentielle est d’utiliser un pot rempli de mousse ou de coton pour empêcher les jeunes phasmes de se noyer en cherchant à boire.
Il est à noter que les jeunes phasmes consomment la même nourriture que les adultes. Les éleveurs de phasmes-feuilles évitent souvent de leur donner des feuilles de goyavier, l’aliment qu’ils affectionnent particulièrement, par crainte de les confondre avec leur propre nourriture.



Élever des phasmes chez soi est une expérience d’observation unique. C’est l’occasion d’étudier de près le mode de vie de ces insectes aux caractéristiques si particulières, d’assister à la prouesse de leur mimétisme et, pour les plus chanceux, d’observer la régénération d’un membre tronqué par accident.
La durée de vie d’un phasme, bien que courte (six mois à un an), est riche en enseignements sur l’adaptation et la survie dans le règne animal.
Si vous êtes prêt à vous lancer dans cette aventure, les forums de passionnés, les petites annonces et certaines animaleries spécialisées sont d’excellentes ressources pour acquérir vos premiers œufs ou jeunes individus et commencer votre propre colonie de ces créatures discrètes et fascinantes.
Ce qu’il faut retenir
- Un insecte au mimétisme presque surnaturel, capable de disparaître dans un décor comme un véritable trésor vivant pour les passionnés de raretés naturelles.
- Un univers où chaque espèce révèle une élégance fragile, presque luxueuse, qui attire les collectionneurs en quête de curiosités authentiques.
- Un élevage étonnamment accessible, qui ouvre la porte à une expérience immersive et rare, proche des cabinets de curiosités modernes.
- Une biologie fascinante, entre illusion parfaite, parthénogenèse et stratégies de survie dignes des créatures les plus mystérieuses.
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