Le chantournage, bien plus qu’une simple technique de découpe, est un art délicat qui allie la patience du sculpteur à la précision de l’horloger.
Il consiste à transformer une simple planche de bois, qu’elle soit en contreplaqué, en médium, en MDF ou en bois brut, en une œuvre ajourée, en suivant méticuleusement un modèle ou un patron.
Une fois la forme principale dégagée, le véritable travail de finition commence, permettant de sublimer l’objet par la mosaïque, le serviettage, le décopatch, la (pyro)gravure, ou plus simplement par l’application soignée d’une peinture ou d’un vernis.
Cette discipline, accessible et profondément créative, ouvre les portes d’un univers où le bois se mue en dentelle.
Le chantournage, un art millénaire entre précision et patience
L’histoire du chantournage est intimement liée à l’évolution des techniques d’ornementation du bois.
Loin d’être une invention moderne, ses prémices se dessinent il y a des millénaires, témoignant de l’aspiration humaine à embellir son environnement par la finesse de la découpe.
Des racines antiques à l’âge d’or de l’intarsia
Les origines de cet art remontent à l’Antiquité. Des formes primitives de découpe fine étaient déjà observées en Asie Mineure, notamment dans les techniques d’incrustation de marbre.
Cependant, c’est en Europe, et plus particulièrement en Italie au XVe siècle, que le chantournage prend son essor sous la forme de l’intarsia.
Cette technique d’incrustation, qui consiste à assembler des pièces de bois de différentes essences pour former des motifs, a été popularisée par des maîtres comme Benedetto de Maiano, architecte et sculpteur florentin.
L’intarsia a ainsi posé les bases de la découpe de précision, transformant le bois en un support narratif et décoratif.
Comment bien peindre sur du métal ?
Peindre du métal est différent de peindre d'autres surfaces. Le matériau est difficile à travailler. La peinture n'adhère pas aussi bien à une surface métallique qu'au bois ou au plâtre.
L’héritage de boulle et l’industrialisation du XIXe siècle
Au XVIIe siècle, le chantournage atteint un sommet de raffinement grâce à André-Charles Boulle, ébéniste du roi Louis XIV.
Sa méthode, connue sous le nom de « technique Boulle », élevait la marqueterie à un art somptueux en combinant des matériaux précieux tels que le bois, le laiton et l’écaille de tortue. Cette approche a durablement influencé l’esthétique du mobilier de luxe.
Plus tard, au XIXe siècle, l’industrialisation a rendu la pratique plus accessible. L’apparition de machines plus performantes a permis la démocratisation du chantournage, qui s’est alors manifesté dans l’architecture et la décoration intérieure, notamment à l’époque victorienne, où les façades et les meubles s’ornaient de motifs ajourés et sinueux, souvent qualifiés de dentelle du bâti.
Maîtriser l’outil central : la scie à chantourner
L’outil emblématique de cette discipline est la scie à chantourner.
Malgré son nom qui pourrait évoquer une machine complexe et dangereuse, son utilisation est étonnamment intuitive et s’apparente, pour beaucoup, à la manipulation d’une machine à coudre.
Anatomie et fonctionnement de la machine
La scie à chantourner se distingue par sa lame extrêmement fine et étroite, montée sous tension.
Il existe deux grandes catégories : la scie manuelle, souvent appelée bocfil, idéale pour les travaux de grande délicatesse et les finitions, et la scie électrique, qui fonctionne par un mouvement vertical rapide et régulier de la lame.
C’est cette dernière qui est la plus couramment utilisée par les amateurs et les professionnels.
Des marques reconnues telles que Hegner et Delta proposent des modèles variés, avec des caractéristiques techniques déterminantes pour la qualité du travail.
Le choix crucial des lames et des réglages
Pour obtenir une découpe nette et précise, le choix de la lame est fondamental.
Les lames se différencient par leur type de dentition et leur épaisseur :
- Lames à dents fines : Elles sont indispensables pour les détails minutieux et les courbes très serrées, offrant une finition quasi parfaite.
- Lames à dents plus épaisses : Elles sont préférables pour la découpe de matériaux plus épais ou pour des tracés moins complexes.
De plus, les modèles électriques modernes sont souvent équipés d’un variateur de vitesse. Cette fonctionnalité est essentielle, car elle permet d’adapter la cadence de la lame à la dureté du bois et à la complexité du motif.
Une vitesse trop élevée sur un bois tendre pourrait entraîner des éclats, tandis qu’une vitesse trop lente sur un bois dur ralentirait inutilement le travail. La taille de la table de travail est également un critère à considérer, car elle détermine la dimension maximale des pièces que l’on peut manipuler.
Le matériel indispensable au-delà de la scie
Si la scie est le cœur de l’activité, d’autres fournitures sont nécessaires pour mener à bien un projet de chantournage :
- Le report du motif : Un ordinateur et une imprimante sont requis pour obtenir le patron, qui sera ensuite transféré sur le bois à l’aide de papier carbone ou graphite.
- La préparation et la finition : Le ponçage est une étape clé. Il peut être réalisé manuellement avec du papier à poncer ou à l’aide d’une ponceuse électrique pour les grandes surfaces. Pour la finition, le gesso est souvent utilisé comme apprêt pour préparer la surface avant l’application de la peinture ou du vernis.
- Les matériaux : Le bois de fine épaisseur (jusqu’à 2 cm) est le plus courant, mais le carton peut servir de support d’entraînement idéal pour les débutants. Une perceuse est nécessaire pour créer les trous de départ permettant d’insérer la lame pour les découpes intérieures.
En général, un bon modèle de scie à chantourner se négocie entre 100 et 200€, les premiers prix commençant à partir de 50€.
Les modèles professionnels, comme ceux de Hegner ou d’autres marques spécialisées, peuvent atteindre des tarifs bien supérieurs, dépassant parfois les 1000€, justifiés par leur robustesse et leurs fonctionnalités avancées. Retrouvez ci-après la meilleure scie à chantourner pour débuter.

Le processus créatif : du patron à la finition
Le chantournage est un processus en plusieurs étapes, chacune exigeant concentration et minutie pour garantir la qualité du résultat final.
Le report du motif et la découpe minutieuse
Le principe de base est de reporter le modèle choisi sur la plaque de bois. La méthode la plus courante consiste à utiliser du papier carbone pour transférer les contours et les détails intérieurs. Une fois le tracé effectué, la découpe peut commencer.
L’opérateur doit maintenir la scie à chantourner perpendiculaire au bois et effectuer des mouvements lents et réguliers, sans jamais forcer la lame.
La clé de la réussite réside dans la fluidité du geste, permettant à la lame de suivre le tracé sinueux avec une précision chirurgicale.
Pour les découpes intérieures, il est impératif de percer un trou de départ pour y insérer la lame avant de la fixer à la machine.
La sublimation de l’œuvre : finitions et esthétique
L’étape suivante, et non des moindres, est la finalisation de la pièce. Après la découpe, il est essentiel de poncer les arêtes et les faces du bois pour éliminer toute aspérité.
L’application d’une couche de gesso, suivie d’un nouveau ponçage, permet d’obtenir une surface parfaitement lisse, prête à recevoir la décoration.

Les possibilités esthétiques sont vastes :
- Style figuratif : Création de silhouettes, d’animaux ou de personnages, comme la fée clochette.
- Style floral et géométrique : Réalisation d’arabesques complexes, de motifs en dentelle sur bois ou d’entrelacs géométriques.
- Style typographique : Découpe de lettres, de prénoms ou de citations pour des enseignes personnalisées.
C’est à ce stade que l’objet prend toute sa dimension décorative, que ce soit par une simple couche de vernis pour préserver l’aspect naturel du bois, ou par une peinture vive et des techniques d’embellissement variées.
Applications, matériaux et accessibilité de la pratique
Le chantournage est une activité qui séduit par sa polyvalence et son accessibilité, permettant de créer une multitude d’objets utiles et décoratifs.
Un éventail d’applications décoratives et fonctionnelles
Le champ d’application du chantournage est extrêmement large. Il permet de réaliser des objets du quotidien personnalisés et des décorations thématiques :
- Décoration intérieure : Boîtes décoratives, plaques de portes, cadres photo et miroirs, pelles-mêles.
- Objets fonctionnels : Accroches-clés, porte-manteaux, porte-essuie-tout, dessous de plats.
- Créations thématiques : Décorations pour les fêtes (Noël, Pâques), jouets en bois (puzzles, figurines) et même des éléments de mobilier sur mesure.
L’essor des loisirs créatifs et du fait main a renouvelé l’intérêt pour cette technique, notamment auprès de la gente féminine, traditionnellement plus attirée par les activités manuelles et la personnalisation.
Cependant, cette passion s’étend de plus en plus aux adolescents et aux adultes de tous horizons, désireux de créer des pièces uniques pour soi ou pour offrir.
Du contreplaqué au bois massif : choisir son support
Si le bois est le matériau de prédilection, le choix de l’essence et du type de panneau est crucial :
- Contreplaqué et MDF : Ces matériaux composites sont légers, stables et faciles à découper, ce qui les rend idéaux pour les débutants et les projets nécessitant de la finesse.
- Bois massif : Des essences comme le chêne, le hêtre ou l’érable offrent une robustesse et une esthétique plus nobles, mais exigent une plus grande maîtrise de la machine et des lames.
- Autres matériaux : Le chantournage peut également s’appliquer à d’autres supports, comme le métal fin (laiton, aluminium) pour la marqueterie, ou le carton pour des maquettes et des prototypes.
L’aspect économique : investissement et coût des fournitures
Le coût de la pratique du chantournage est relativement modéré, surtout si l’on considère la possibilité de récupérer une partie des matériaux.
L’investissement initial le plus conséquent reste l’acquisition de la scie à chantourner. Si les premiers prix permettent de se lancer sans risque, l’achat d’un modèle de qualité supérieure garantit une meilleure longévité et un confort de travail accru.
Heureusement, les autres frais sont minimes. Le bois peut souvent être récupéré (il est conseillé de consulter les bons plans sur internet pour des sources de matériaux gratuits ou à faible coût), et une grande variété de modèles et de patrons se trouve gratuitement en ligne.
Les fournitures annexes (colle, peinture, papier à poncer) sont disponibles pour quelques euros dans les magasins de loisirs créatifs ou de bricolage.



Le chantournage est une invitation à la création, une pause bienvenue dans le rythme effréné du quotidien. Il offre la satisfaction tangible de transformer une matière brute en un objet d’art ou d’utilité, porteur d’une histoire et d’une intention.
Que vous soyez attiré par la finesse des motifs floraux, la rigueur des formes géométriques ou la chaleur des jouets en bois, cette technique vous offre un terrain d’expression illimité.
Il ne vous reste plus qu’à choisir votre premier patron, à tendre votre lame et à laisser libre cours à votre imagination pour donner vie à votre propre dentelle de bois.
Ce qu’il faut retenir
- Le chantournage révèle un univers presque secret, où une simple planche se transforme en dentelle de bois au charme vintage et précieux.
- Chaque découpe invite à ralentir, à savourer un geste artisanal rare, presque luxueux, qui redonne vie au bois comme un objet d’exception.
- La scie à chantourner devient une alliée intime, capable de créer des pièces uniques qui semblent tout droit sorties d’un atelier d’artisan haut de gamme.
- Entre précision horlogère et créativité pure, cette technique offre une liberté totale pour fabriquer des objets décoratifs qui racontent une histoire.
- Accessible, économique et profondément apaisant, le chantournage séduit ceux qui recherchent un loisir créatif authentique, proche du fait-main de collection.
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