Redonner vie à un siège ancien est une aventure fascinante, un dialogue entre le passé et le présent. Que vous possédiez une bergère de famille, un fauteuil club chiné en brocante ou une simple chaise délaissée, la réfection de sa tapisserie est une occasion unique de le personnaliser et de prolonger son histoire.
Cet art, à la fois technique et créatif, est plus accessible qu’il n’y paraît.
La tapisserie d’ameublement, un héritage multiculturel
Loin d’être un simple habillage, la tapisserie est un art séculaire qui a traversé les continents et les époques pour embellir nos intérieurs.
Son histoire riche et complexe témoigne des échanges culturels et des évolutions stylistiques qui ont façonné notre mobilier.
Des origines nomades à l’artisanat européen
Originaire d’Asie et d’Afrique du Nord, où les peuples nomades l’utilisaient pour Créer des tapis et des tentures isolantes et décoratives, la tapisserie est encore aujourd’hui une tradition vivace dans ces régions.
Son introduction en France est sujette à plusieurs hypothèses : elle aurait pu être rapportée par les chevaliers lors des croisades ou encore introduite durant les incursions sarrasines en Europe.
Quelle que soit son origine exacte, elle s’est rapidement imposée comme un élément central de la décoration et du confort dans les demeures européennes.
Un art aux multiples facettes
Le terme tapisserie est souvent polysémique. Il peut désigner une grande pièce murale tissée sur un métier à tisser, comme les célèbres tentures d’Aubusson ou des Gobelins.
Mais il englobe également les ouvrages réalisés à l’aiguille, tels que la broderie sur toile ou le canevas. Dans le contexte de l’ameublement, il s’agit de l’art de garnir et de couvrir les sièges.
Cette discipline est considérée comme un art à part entière, alliant savoir-faire technique et sens esthétique.
Se lancer dans la réfection : guide pratique
Restaurer un siège est une opération qui demande de la patience et de la minutie, mais qui reste à la portée de toute personne motivée.
Les styles de fauteuils les plus couramment restaurés sont aussi variés que le fauteuil club, la bergère, le crapaud, le bridge, ou encore les styles Directoire, Empire, Louis XVI et Voltaire.
Les possibilités créatives sont infinies, limitées seulement par votre imagination.
L’outillage indispensable du tapissier
Pour mener à bien votre projet, il est essentiel de vous équiper correctement.
Voici la liste du matériel nécessaire pour une restauration traditionnelle :
- Pour dégarnir : un ciseau à dégarnir, un pied de biche de tapissier et un maillet pour retirer les anciennes semences et le tissu.
- Pour couper : une bonne paire de ciseaux à tissu, et éventuellement des ciseaux à bois si des ajustements de structure sont nécessaires.
- Pour garnir : des aiguilles courbes et droites de différentes tailles, un tire-crin, un tire-sangle pour tendre les sangles de jute, et un marteau de tapissier, aussi appelé ramponneau.
- Pour fixer : une agrafeuse murale, des semences (petits clous de tapissier ) et un chasse-clou pour les finitions.
- Les fournitures : environ 5 à 6 mètres de sangle, 8 ressorts (si nécessaire), 4 kg de crin animal ou végétal (ou de la mousse haute résilience), 1 mètre de toile d’embourrure (toile forte), et 1 mètre de ouate (molleton).
Les étapes clés de la restauration
La méthode varie légèrement selon que vous optiez pour une garniture traditionnelle (sangles, ressorts, crin ) ou moderne (mousse).
Voici les grandes étapes pour une réfection complète :
- Le dégarnissage : C’est la première étape, physique mais cruciale. Retirez méticuleusement le tissu de couverture, les clous décoratifs, puis les différentes couches de garniture (toile blanche, crin, toile d’embourrure) jusqu’à mettre à nu la structure en bois du siège. Conservez les anciens morceaux de tissu, ils vous serviront de patron.
- La structure et les finitions du bois : Profitez que le fauteuil soit nu pour inspecter le bois. C’est le moment idéal pour le traiter, le recoller si nécessaire, le poncer et lui appliquer une nouvelle finition : cire, vernis, peinture ou lasure. Un décapage soigné garantira un résultat impeccable.
- La pose des sangles et des ressorts : Tendez solidement les sangles de jute sur le cadre de l’assise en les entrecroisant. C’est sur cette base que vous coudrez les ressorts, que vous maintiendrez ensuite à la bonne hauteur avec du guindage (un système de cordes).
- La garniture : Recouvrez les ressorts d’une toile forte. Modelez ensuite la garniture avec du crin (ou de la mousse) pour donner sa forme à l’assise. Cette étape, appelée emballage, est maintenue par des points de fond et des points de bourrelet. Une couche de ouate vient adoucir l’ensemble avant la pose du tissu final.
- La couverture : Positionnez votre nouveau tissu en le centrant bien, surtout s’il comporte des motifs pour lesquels il faudra prévoir un surplus. Fixez-le temporairement avec des épingles, puis agrafez-le en tendant de manière uniforme, en alternant les côtés opposés pour équilibrer la tension. Le dossier suit le même principe, souvent en travaillant d’abord la face avant, puis en fermant avec le tissu de dos.
- Les finitions : La dernière touche consiste à masquer les agrafes et les bords du tissu. Vous pouvez opter pour des clous tapissiers décoratifs, posés un à un, ou pour un galon (passementerie) collé avec soin.
Faire appel à un professionnel : quand et pour quel budget ?
Même si la satisfaction de restaurer soi-même un fauteuil est immense, l’intervention d’un artisan tapissier est parfois préférable.
Si le siège est destiné à un usage intensif, ou s’il s’agit d’une pièce d’antiquité de grande valeur, le savoir-faire d’un professionnel garantira une durabilité et un respect des techniques d’époque.
Les tarifs varient considérablement en fonction de la complexité du siège, de l’état de la garniture (à refaire entièrement ou non) et du tissu choisi.
Les prix peuvent aller de quelques dizaines d’euros pour une simple couverture de chaise à plusieurs centaines, voire milliers d’euros pour la restauration complète d’un canapé ou d’un fauteuil de style.
Pour avoir une idée précise, il est indispensable de demander un devis détaillé.
Pour ceux qui souhaitent se perfectionner ou se reconvertir, de nombreux artisans et centres de formation proposent des stages d’initiation ou de perfectionnement.
C’est une excellente façon d’acquérir les gestes justes et de partager une passion pour cet artisanat d’art.