Perché majestueusement à près de 800 mètres d’altitude, le château du Haut-Koenigsbourg domine la plaine d’Alsace, offrant un panorama époustouflant sur les Vosges, la Forêt-Noire et, par temps clair, jusqu’aux Alpes.
Plus qu’une simple forteresse, ce monument emblématique est un véritable livre d’histoire à ciel ouvert, témoin des tumultes et des grandeurs qui ont façonné l’Alsace.
Sa silhouette imposante en grès rose, restaurée avec une ambition sans précédent au début du XXe siècle, invite à un voyage immersif au cœur du Moyen Âge, révélant les secrets d’une architecture défensive ingénieuse et d’une vie seigneuriale raffinée.
Une histoire millénaire : des origines à la renaissance impériale
Les premières pierres et l’apogée médiévale
L’histoire du Haut-Koenigsbourg débute au XIIe siècle, avec la première mention écrite en 1147 sous le nom de Castrum Estuphin, érigé par les Hohenstaufen.
Dix ans plus tard, en 1157, il est déjà désigné comme Koenigsbourg, le château royal, soulignant son importance stratégique et symbolique.
Après une période de destruction en 1462 par les chevaliers brigands, le château connaît une véritable apogée sous la famille Tierstein à partir de 1479.
Ces derniers entreprennent une reconstruction et un agrandissement significatifs, intégrant des systèmes de défense modernes qui en feront une place forte redoutable.
Déclin, oubli et la vision de Guillaume II
Le destin du château bascule tragiquement en 1633, lors de la guerre de Trente Ans, où il est assiégé, pillé et incendié.
S’ensuivent deux siècles d’abandon, transformant la fière forteresse en ruines. Ce n’est qu’en 1862 que ses vestiges sont classés monument historique, puis acquis par la ville de Sélestat en 1865.
Un tournant majeur survient en 1899 lorsque Sélestat offre les ruines à l’empereur allemand Guillaume II.
Ce dernier, animé par une volonté de marquer l’appartenance germanique de l’Alsace et de ressusciter l’époque chevaleresque, décide d’entreprendre une restauration complète et spectaculaire du château.
La restauration impériale : entre science et romantisme
Bodo Ebhardt : l’architecte de la renaissance
Guillaume II confie cette tâche colossale à l’architecte berlinois Bodo Ebhardt. De 1900 à 1908, Ebhardt dirige un chantier d’une ampleur exceptionnelle, s’appuyant sur des principes scientifiques rigoureux pour l’époque.
Il répertorie méticuleusement les vestiges archéologiques, étudie les documents d’archives et analyse l’architecture existante.
En cas d’incertitude, il se réfère à des modèles d’édifices contemporains, notamment d’autres châteaux forts de la région, afin de reconstituer le château tel qu’il aurait pu être vers l’an 1500.
Cette approche, bien que critiquée par certains puristes, a permis de donner au Haut-Koenigsbourg sa physionomie actuelle, mêlant fidélité historique et vision romantique du Moyen Âge.
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Un chantier colossal et des techniques innovantes
La restauration du Haut-Koenigsbourg fut un véritable défi technique. Les ouvriers, dont le nombre pouvait atteindre jusqu’à 200, étaient chargés du gros œuvre : déblaiement, échafaudage, taille de pierre, mais aussi la fabrication des éléments en bois comme les volets, les galeries et les charpentes.
L’utilisation du grès rose, matériau emblématique de l’Alsace, a été prépondérante.
Outre son aspect esthétique distinctif, ce matériau offre des qualités techniques remarquables pour la construction d’un tel édifice.
Le chantier bénéficiait même d’un éclairage électrique, une prouesse pour l’époque, alors que les villages alentour n’en disposaient pas encore.
Cette restauration a non seulement ressuscité une forteresse, mais a également marqué une étape importante dans l’histoire de la conservation du patrimoine.
Architecture et caractéristiques : une forteresse imprenable
Une structure défensive adaptée au relief
Le château du Haut-Koenigsbourg est un exemple remarquable d’architecture militaire médiévale, dont la conception épouse parfaitement la forme de l’éperon rocheux sur lequel il est bâti.
Ses murailles irrégulières, comprenant des bastions robustes, étaient conçues pour résister aux assauts de l’artillerie.
La structure labyrinthique du château, avec plus de 250 pièces, intègre un donjon carré de vingt étages, des murs pouvant atteindre 9 mètres d’épaisseur, et un puits profond de 62,50 mètres, assurant l’autonomie en eau en cas de siège prolongé.
Des éléments défensifs tels que le pont-levis, les galeries en bois et les meurtrières témoignent de son rôle stratégique.
Les intérieurs : entre grandeur impériale et vie quotidienne
Au-delà de ses défenses, le château révèle des intérieurs somptueux et fonctionnels. Le logis abrite les pièces d’habitation, tandis que la salle du Kaiser, également appelée salle d’honneur, impressionne par sa décoration.
Son plafond est orné d’une peinture d’aigle impériale, entourée des armoiries des électeurs du Saint-Empire et des Hohenzollern, symbolisant la puissance de Guillaume II.
On y trouve également une chapelle aménagée au premier étage et une salle d’armes abritant une collection impressionnante d’armes et d’armures des XVe, XVIe et XVIIe siècles, restaurées en 2022.
La cour basse, avec son moulin et sa fontaine, ainsi que le jardin médiéval, offrent un aperçu de la vie quotidienne et des cultures de l’époque.
Informations pratiques pour une visite inoubliable
Le château du Haut-Koenigsbourg est ouvert toute l’année, à l’exception des 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
Les horaires varient selon les saisons, il est donc recommandé de consulter le site officiel pour planifier votre visite.
Le château est situé à Orschwiller, à environ 10 minutes de Sélestat et 20 minutes de Colmar, et offre une accessibilité pour tous les publics, comme en témoigne le Diplôme de Mérite et de Prestige Européen reçu en 2012 pour son accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site officiel : haut-koenigsbourg.fr, ou contacter le château par mail à [email protected] ou par téléphone au +33 (0)3 69 33 25 00.
Que vous soyez passionné d’histoire, d’architecture ou simplement en quête de paysages grandioses, le château du Haut-Koenigsbourg promet une expérience mémorable, un véritable plongeon dans le passé médiéval de l’Alsace.